A partir du 11 mai 2020, notre vie devait être changée. Nous devions retrouver un peu des libertés qui nous avaient été ôtées, faute d’une politique d’anticipation et
responsable face à la crise annoncée du coronavirus.
Je devais me marier le 29 mai. Le maire avait consenti à cette union avant le confinement. Suite à la circulaire du 18 mars, et au dépôt de nos documents officiels en
mairie, et après longue discussion sur les conditions de maintien de cette célébration, il était convenu que ce mariage s’en tienne à sa plus stricte expression : les mariés, deux témoins, l’employée
d’état civil et le maire.
Il y a une semaine, soit 14 jours avant le mariage, la maire nous fait part de son impossibilité à nous unir, en raison des directives émises après le 11 mai. Nous avons donc appelé le cabinet du
préfet, pour obtenir précision et confirmation. Celui-ci nous a bien validé que, si le mariage respectait ces normes, il relevait du maire de prendre la décision finale. Cette réponse communiquée au
maire a suffi à le faire changer d’avis le 18 mars…
Aujourd’hui, le 20 mai, la préfecture écrit à la mairie pour lui faire part de l’interdiction de procéder à cet acte d’état civil.
Donc, si nous résumons, on peut déclarer une naissance en mairie, un décès et s’y rendre, pourquoi pas à 4 ou 5.
On est autorisé à procéder à des enterrements à 20, dans des funérariums.
On est autorisé à faire du sport à moins de 10, les écoles ont ré-ouvert, les crèches et les cantines aussi, où l’on cohabite dans des salles de classes à mi-effectifs, soit 15 au lieu de
30.
Mais on ne peut pas se marier à 6 dans des salles prévues pour 50, 100, 150 personnes.
On est autorisé à prendre le métro pour aller travailler, à réunir des conseils municipaux pour installer les équipes élues.
Mais pas à se réunir à 6 dans une salle des fêtes pour se dire « oui ».
On est encouragé à aller travailler, surtout quand on est caissière, infirmière, aide-soignant, ouvrier, éboueur.
Mais on n’est pas autorisé à officialiser son bonheur.
On demande aux maires de prendre leurs responsabilités, d’ouvrir les écoles, d’en organiser les conditions sanitaires.
Mais on les juge incapables de décider s’ils peuvent recevoir 4 personnes à la mairie pour les unir, leur niant tout pouvoir de libre appréciation.
On autorise la tenue de cérémonies religieuses pour satisfaire les ego de quelques curés en manque de public.
Mais on interdit la tenue d’une cérémonie civile, sans laquelle la cérémonie religieuse ne peut se tenir.
On maintient les séances parlementaires pour voter des lois liberticides comme la loi Avia.
Mais on interdit une union qui pourrait apporter une respiration de bonheur à deux êtres.
On autorise les réunions de moins de 10 personnes, et sans limitation de nombre, chez les particuliers.
Mais on interdit à deux personnes de convoler ?
On laisse les nuisances nocturnes du ramadan dans les quartiers à dominante musulmane.
Mais on interdit les mariages civils à 4 dans une salle des fêtes ?
Lorsque l’on interprète les mesures prises par ce gouvernement, la seule conclusion à en tirer c’est que le bonheur ne peut nous être accessible que par le travail ou
la religion.
Les mesures de dé-confinement stupides et incohérentes, imaginées par des fonctionnaires et des politiques hors sol, appliquées par des employés de préfectures aussi zélés que Laval, ressemblent
davantage à des échanges d'idées pondues par des piliers de comptoir un soir de cuite qu’à une ligne politique guidée par le sens de l’intérêt général et une boussole politique digne de ce
nom.